« L’agroécologie et les besoins en eau » Rapport d’étude de Charlotte SALMON (2020)

Dans un contexte climatique où les sécheresses sont de plus en plus fréquentes et marquées, les demandes en eau d’irrigation sont en augmentation et des conflits d’usage entre agriculture, eau potable et préservation des écosystèmes apparaissent sur les territoires à la ressource limitée. Dans la publication « L’agroécologie et les besoins en eau » Charlotte SALMON a réalisé en 2020 pour l’OFB un rapport sur l’état des connaissances des relations entre certaines pratiques agronomiques et les besoins en eau. Cette étude s’appuie à la fois sur une revue bibliographique des données scientifiques et sur une enquête recueillant les témoignages d’une diversité d’acteurs de terrain (conseillers, animateurs, ingénieurs d’étude, chercheurs, chargée de mission et agriculteurs). Deux questions y sont développées :

  • Quelles sont les performances économiques et environnementales de l’irrigation ?
  • Quelles sont les pratiques et systèmes agricoles les plus économes en eau ou bien les plus résilients à la sècheresse ?

Les performances économiques liées à l’irrigation sont synthétisées dans un tableau dont une extraction partielle a été réalisée ci-dessous. Si l’augmentation des rendements entre une culture irriguée et une culture non irriguée est plutôt bien renseignée, l’évolution de la marge brute est plus complexe à calculer car très variable en fonction des charges d’irrigation (eau et électricité), des prix de vente et des aides PAC.

Tableau 1 : Performances économiques de l’irrigation sur les principales cultures irriguées (Rapport d’étude de Charlotte SALMON, 2020)

Les performances environnementales liée à l’irrigation sont ensuite passées en revue vis-à-vis de la fertilisation azotée et de l’emploi de produits phytosanitaires. Les relations sont multifactorielles et très dépendantes des systèmes. Il ressort tout de même que l’irrigation permettrait une meilleure valorisation des engrais azotés les années sèches. En revanche, elle augmenterait les risques liés aux bioagresseurs, notamment fongique.

Sans perte notable en rendement, des changements de matériel d’irrigation permettrait des économies d’eau substantielles :

Tableau 2 : Économies d'eau permises par l'évolution du matériel d'irrigation

Enfin 14 leviers agronomiques et leurs relations à l’eau sont examinés en fonction de leur échelle d’application (végétal ou animal, parcelle, système du production, paysage). Si ces leviers sont nombreux et incontournables pour faire des économies d’eau et être plus résilient face aux sécheresses, la bibliographie et les entretiens ont révélé quelques points d’attention :

  • Le contexte pédoclimatique à l’échelle du territoire ou de l’exploitation rend certains de ces leviers non généralisables (cultures de diversification par toujours possible en zone non irrigable, potentiel des couverts végétaux limité par le manque d’eau…) ;
  • Les changements de systèmes s’accompagnent d’un temps de transition parfois long ;
  • Le rôle joué par les filières est un facteur déterminant. En l’absence de valorisation économique suffisante, les agriculteurs ne sont pas incités à mobiliser ces leviers ;

Une étude réalisée par Solagro en 2017 a cherché à évaluer les économies d’eau que pourraient engendrer certains leviers techniques et agronomiques à l’échelle du Bassin Adour-Garonne. Parmi les 8 leviers étudiés, les plus efficaces sont :

  • Le conseil et pilotage en grandes cultures (6 à 16 millions de m3 d’eau potentiellement économisés) ;
  • Le goutte à goutte et la micro-aspersion en arboriculture (4 à 6 millions de m3) ;
  • L’évolution des dates de semis et précocité des variétés (2 à 12 millions de m3).

Figure 1 : Évaluation des économies d’eau permises par certains leviers techniques et agronomiques à l’échelle d’un territoire (Rapport d’étude de Charlotte SALMON, 2020 ; étude Solagro 2017, Bassin Adour-Garonne)

 

Car beaucoup d’autres facteurs entrent en jeu, il est difficile de quantifier les économies d’eau permises par une pratique, à l’échelle d’une exploitation et à plus forte raison à l’échelle territoriale. Ce manque de connaissances peut expliquer en partie la prédominance des leviers liés à l’irrigation sur ceux liés à l’agronomie.

 

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