Développer les vergers maraîchers

Plusieurs maraîchers, installés notamment en agriculture biologique et en circuits courts, ont fait le pari de produire conjointement des fruits et des légumes en plantant des arbres fruitiers au milieu de leurs planches de légumes. Le projet SMART « Systèmes Mixtes Agroforestiers » a évalué durant 3 années ce nouveau concept de vergers maraîchers et élaboré des préconisations pour les futurs maraîchers qui seraient tentés par ce nouveau concept.


Il ressort clairement qu'une des premières raisons qui a poussé ces maraîchers à planter des arbres, qui au passage ne sont pas toujours fruitiers, est de créer des conditions de travail agréables en se construisant un paysage de qualité, une sorte de micro-oasis. Ces installations maraîchères se font souvent en effet sur des terrains nus. Planter des arbres, c'est s'assurer de l'ombrage et une protection contre le vent pendant les nombreuses heures de travail de plantation, de désherbage et de cueillette. Le verger maraîcher étant un lieu de vie, autant qu'il soit beau. La seconde raison concerne la protection des légumes qui eux aussi n'aiment pas le vent et les fortes chaleurs.

 

Ces projets agroforestiers ont vu le jour sur de petites surfaces entre 0,5 et 2 ha. Les rangées d'arbres ne doivent pas être trop rapprochées : 10 mètres minimum voir 12 mètres. Même si la mécanisation est limitée et parfois non motorisée, il faut pouvoir passer avec les engins pour entretenir facilement les rangées d'arbres et désherber les planches (par exemple pouvoir faire demi-tour avec son cheval). Les rangées d'arbres sont aussi utilisées pour faire passer l'irrigation.

Le guide technique produit dans ce projet donne des conseils sur le choix des essences, des variétés, des porte-greffe. Généralement les variétés rustiques sont utilisées car nécessitant peu d'intrants (comme la variété de raisin noah qui résiste à l'oïdium et au mildiou). Il ressort en effet des enquêtes réalisées qu'une des principales contraintes des vergers maraîchers est le manque de temps. La récolte des fruits se chevauche souvent avec celles des légumes et la priorité est souvent donnée aux légumes. Les petits fruits (groseille, cassis, framboise) plantés entre les rangées d'arbres doivent souvent aussi être transformés car ils se conservent mal, ce qui nécessite du travail supplémentaire. Le problème n'est pas le débouché. Il faut aussi prévoir du temps pour entretenir les arbres (élagage, débroussaillage aux pieds). Des pistes existent comme la mise en place d'une cueillette à la ferme, l'étalement des récoltes ou l'installation d'un associé qui prendrait en charge de la production fruitière. Il faut aussi prendre en compte le fait que ces systèmes ont parfois d'autres productions complémentaires : miel, œufs, récolte de châtaignes.

 

Un suivi détaillé de 5 fermes à montré que la production de légumes varie de 1T à 20 tonnes par an avec des rendements moyens de 5 à 28 tonnes par ha (en moyenne 1,5 à 3 kg de légumes par m2) auxquels s'ajoute la production fruitière. Les rendements en fruits sont plus faibles car la plupart des arbres n'ont pas encore atteint leur vitesse de croisière. La production fruitière démarre juste. D'où des rendements en fruits qui s'étalent entre 0,2T à 4T par ha.