Du concept à la technique

Des sols et des cultures plus favorables

Le Sud-Ouest est une des régions les plus exposées au risque érosif. Les sols du Sud-Ouest sont de nature peu friables (riche en argiles). Cependant, le passage d'outils pour créer de la terre fine pour l'implantation du tournesol au printemps (saison de fortes pluies dans le Sud- Ouest) sur des terrains en pente accentue le risque érosif. Le SD combiné à la couverture du sol est un véritable levier d'action.

Les sols du Sud-Ouest sont principalement argilo-calcaires, argilo-limoneux ou de type boulbènes (limoneux et acides). Ces sols argileux peuvent être lourds et gras et ils deviennent plastiques au printemps en retenant l'eau. Le risque de non fermeture de la ligne de semis est alors accru. Ces sols sont donc difficiles à travailler en SD pour les cultures de printemps. Par contre, les boulbènes (limoneux) sont hydromorphes l'hiver mais sèchent très vite au printemps, des terres bien ressuyées permettent le SD. Les boulbènes sont soumises à des risques de battance, problème réduit par la présence d'une couverture.

Cultures Problèmes de levées importants en semis-direct Capacité de compensation Aptitude de la culture au semis-direct
Blé Non   Bonne
Maïs Non   Bonne
Colza Oui Bonne Bonne
Soja Oui Bonne Bonne
Pois Oui / Non Mauvaise Moyenne
Tournesol Oui Mauvaise Moyenne
Tableau 2 : Adaptation des cultures au semis-direct3

Le tournesol n'est pas encore implanté en SD car les problèmes de levées sont importants et la culture compense mal les faibles levées. L'implantation du pois en semis-direct dépend surtout de la culture précédente : après une plante restructurante (par exemple le sorgho) le pois s'implante bien.

Mise en œuvre technique : repenser tout le système

Choisir son couvert

L'insertion du couvert se réflechit au sein d'une rotation, la mixité des familles, la complémentarité racinaire, les objectifs par rapport aux adventices et ravageurs sont à prendre en compte. Le choix du couvert d'interculture est aussi fonction de la date de semis et du mode de destruction (Cf. synthèse technique cultures intermédiaires dans la rubrique Nos ressources). Le semis peut se faire dans un couvert vivant de type luzerne ou trèfle : attention le couvert doit être ralenti chimiquement (avec des demi-doses d'herbicide) ou mécaniquement (passage d'outil par exemple faucheuse ou bêche roulante).

Le choix du couvert vivant doit prendre en compte plusieurs critères4 : Faible concurrence pour l'eau et l'azote pour la culture suivante :

  • Présence de ravageurs (notamment les campagnols dans le trèfle).
  • Quel que soit le type de couverture, l'emploi d'herbicide à faible dose est fréquent pour pouvoir mettre en place la culture de vente dans de bonnes conditions.
Choix du matériel

La difficulté du SDCV réside en partie dans la bonne fermeture du sillon et la présence de terre fine. Le choix du semoir est alors un levier important. Le semoir doit avoir des disques ouvreurs lourds pour une meilleure pénétration des outils ainsi que des chasses débris pour éviter l'accumulation des résidus dans le sillon qui empêcheraient le contact terre graine.

Certains aménagement de son semoir mono graines permettent d'améliorer nettement les réussites à l'implantation5 :

  • Ajout de roues de fermeture du sillon.
  • Localisation de l'engrais sur la ligne de semis.
Gérer la fertilisation

La fertilisation ne doit pas être négligé dans ces systèmes, en effet les cultures ont besoin de démarrer rapidement pour contrer le couvert. L'utilisation d'engrais starter localisé sur la ligne de semis permet une bonne vigueur de la culture au démarrage. Les premières années de transition, l'impasse de fertilisation peut s'avérer préjudiciable, même si à termes le taux de matière organique augmente et l'azote sera présent dans le sol, au départ de la transition, la minéralisation est plus lente, il se peut que la culture manque d'azote.6 Dans ces systèmes, la fertilisation est à réfléchir sur l'ensemble de la rotation, par exemple les couverts riches en légumineuses détruits tôt libèrent beaucoup d'azote pour la culture suivante. Après quelques années de SDCV, le taux de matière organique élevé en surface et le turn-over rapide permettent d'assurer la fertilité des sols.

Réfléchir à la succession culturale

La réflexion de la succession culturale et de la rotation est essentielle pour accompagner le passage au SDCV. Le non enfouissement des résidus de récolte dû à l'arrêt du travail du sol entraîne une augmentation des risques de maladies comme la fusariose à cause des résidus contaminés par celle-ci. L'allongement des rotations est alors un levier puisque en augmentant le temps de retour d'une culture sur une même parcelle et en évitant les successions maïs/blé le risque fusariose diminue. Par ailleurs, l'allongement de la rotation est aussi un levier pour la gestion des adventices, notamment des graminées.7

Repenser son itinéraire technique

Les dates de semis sont souvent avancées à l'automne (les cultures démarrent plus lentement) et retardées au printemps (pour que le sol se réchauffe). Les densités de semis sont souvent augmentées afin de lutter contre un taux de levée plus faible. Réduire l'écartement du maïs permet de réduire la pression des adventices.
Lors de la récolte des céréales à paille, il faut maintenir la barre de coupe assez haute pour limiter les résidus au sol et répartir les résidus de façon homogène, il est plus facile de semer dans des chaumes hautes que dans des résidus8. Par ailleurs, les chaumes limitent l'évapotranspiration.

Des problèmes techniques encore sans réponse

Pour l'instant, les échecs en SDCV sont souvent corrélés à une mauvaise implantation de la culture (mauvais contact sol graine), c'est pourquoi le SDCV ouvre de nombreux champs de recherche encore peu ou pas exploitées comme :

  • la gestion des limaces,
  • le tournesol et le SDCV.

Des recherches à l'échelle du système sont encore nécessaires afin de diminuer l'utilisation d'herbicides voir de s'en passer, d'optimiser les associations couverts/cultures au sein d'une rotation.


3 Perspectives agricoles, Juin 2014 N°412: Implantation: des cultures plus appropriées au travail du sol p 50-54
4 ARVALIS, 2014. SDSCV Semis Direct Sous Couvert Végétal: de nouveaux systèmes de cultures pour une moindre dependence aux engrais minéraux de synthèse.
5 Coutant F, Schreiber K & Solon B, 2012. Matériel pour le semis direct, 1ère journée de rencontre : « couverts végétaux et semis direct » _ Auch_10 fév.
2012. http://www.gabb32.org/telechargement/TCS/Atelier_4_Materiel_Semis_direct.pdf
6 Thomas F, 2007. L'azote en TCS, beaucoup de bénéfices mais une gestion à adapter, in TCS n°44, septembre‐octobre 2007
7 , 2014. Implantation: des cultures plus appropriées au travail du sol, in Perspectives agricoles, Juin 2014 N°412, p 50‐54
8 Labreuche J, 2014. Couverture végétale permanente : associer le semis direct à une rotation cohérente, in Perspectives agricoles Juin 2014 N°412, p56‐ 58.
Aucun commentaire Ajouter un commentaire

À télécharger