Les maïs population (variétés paysannes) gagnent du terrain en Nouvelle Aquitaine, fruit de 16 ans d’expérience et d’expérimentation.

Porté par le Réseau Bio d'Aquitaine, le réseau semences paysannes et notamment Agrobio Périgord, et soutenu par la région Aquitaine, le programme « l'Aquitaine cultive sa biodiversité » porte ses fruits avec plus de 500 agriculteurs engagés. Et les échanges gagnent d'autres régions : Occitanie, Centre et Pays de Loire notamment.

Le projet au départ centré sur le maïs s'intéresse aussi aujourd'hui au tournesol, au blé et aux légumes. Il s'agit d'une recherche participative qui engage pleinement les paysans. Plus de 50 variétés sont aujourd'hui testées originaires du Sud Ouest notamment mais aussi du Portugal, d'Italie, de Roumanie, du Maroc et également du Guatemala et d'Irak.

Plusieurs expérimentations sont menées de front : acquisition de références sur les variétés population sur une plateforme, sur la ferme témoin de Ribeyrolles, et sur des champs in-situ menés en conditions de production, avec le matériel et selon les pratiques agronomiques spécifiques à chaque agriculteur.

Le projet consiste à sélectionner les variétés de maïs les mieux adaptées à chaque pédoclimat,  aux pratiques et aux utilisations de l'agriculture et en culture en sec.

Plusieurs critères de sélections sont observés :

  • Tenue à la verse
  • Résistance aux maladies (pyrale, sésamie, charbon du maïs, fusariose)
  • Précocité (variétés précoces, demi-précoces, demi-tardives, tardives) et humidité à la récolte
  • Phénotype variétal
  • Remplissage de l'épi
  • Qualité germinative de la semence

Il apparaît que certaines variétés résistent mieux à la sécheresse notamment les variétés tardives. En ce qui concerne les maladies, les résultats montrent que les maïs population ne sont ni plus ni moins sensibles que les variétés hybrides aux attaques de pyrales et/ou de sésamies, avec un taux d'infestation de 46%, mais qui au final affecte peu le rendement. La sensibilité au charbon et à la fusariose apparaît plus forte avec certaines variétés particulièrement sensibles. 

Pour le charbon plusieurs pistes sont explorées, parmi lesquelles le stress lors du déplacement d'une variété dans un nouvel environnement, les attaques étant plus fortes la première année. Le charbon semble aussi être une maladie qui se développe lorsqu'il y a des blessures (castration, passage d'herse ou de bineuse pour le désherbage mécanique).

On observe de fortes variations interannuelles mais identiques aux hybrides cultivés dans les mêmes conditions en sec et en bio.

Les rendements moyens observés varient de 35 qx pour les variétés précoces, à 41 qx pour les demi-précoces et 47 qx pour les variétés demi-tardives et tardives.

De manière générale la moyenne globale de rendement des populations est inférieure à celles des hybrides témoins.

Certaines variétés montrent cependant un réel potentiel de rendement (autour de 60qx) dans des conditions de cultures biologiques et non irriguées. On imagine où l'on pourrait en être aujourd'hui si la recherche s'était portée sur des variétés population que l'agriculteur peut ressemer plutôt que les variétés hybrides qui l'oblige chaque année à acheter sa semence.

Aujourd'hui le programme se diversifie en recherchant les variétés adaptées à une utilisation alimentaire humaine (farine, semoule) dans le cadre du projet SOLIBAM piloté par l'INRA (2010-2013) puis du projet MIAM soutenu par Fondation de France. Il s'agit de développer un savoir faire sur le triage, la meunerie, les recettes de cuisine. 8 populations de maïs ont été choisies, plus une variété hybride de commerce comme témoin.

Les trois axes de travail sont aptitudes à la transformation, aptitudes organoleptiques et aptitudes nutritionnelles.

L'évaluation du programme en 2015 a montré que les variétés paysannes ont permis de diminuer la fertilisation (76%), l'usage des produits phytosanitaires (59%), de diminuer l'irrigation (49%) et de trouver de nombreux débouchés (57%) mais avec peu d'effets sur la diminution du travail mécanique.

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