Intérêts agronomiques

Intérêts agronomiques

La principale critique formulée à l'encontre du verger de haute est sa moindre productivité fruitière (7 tonnes/ha/an en pommier) - au regard de la celle des vergers cidricoles de basse tige (20 à 30 tonnes/ha).

Mais ce constat omet de considérer la combinaison des produits du verger de haute tige, et notamment le fourrage.

Le Coefficient de rendement équivalent [1] permet de calculer les performances agronomiques des systèmes agroforestiers, tels que le pré-verger. Ce coefficient de rendement équivalent (CRE) compare le rendement  de toutes les productions associées au rendement de ces mêmes productions cultivées séparément (en pur).

La formule classiquement utilisée par les agroforestiers est la suivante :

CRE = CA / CP + FA / FP + BA / BP

Avec :
CA : rendement de la culture (prairie) associée
CP : rendement de la culture en plein
FA : rendement du fruit associé
FP : rendement du fruit en plein
BA : rendement de bois associé
BP : rendement de bois en plein

 

Résultats obtenus sur différentes d'exploitations agroforestières (source : Coulon et Al., 2010)

Système de pré-verger

Prairie associée (T MS/ha)

Prairie en plein (T MS/ha)

Fruit associé (T/ha)

Fruit en plein (T/ha)

Bois associé (m3/ha)

Bois en plein (m3/ha)

CRE

 

CA

CP

FA

FP

BA

BP

 

Poirier-Bovin lait

(Basse-Normandie)

7,0

8,75

7,0

20

-

-

1,15

Pommier-Bovin lait

(Basse-Normandie)

5,5

6,5

7,2

25

-

-

1,06

Cerisier / Bovin lait

(Franche-Comté)

3,4

4,6

3,72

12,0

-

-

1,06

NC : non considéré

Ainsi, le CRE des prés-vergers est toujours supérieur à 1 (1,06-1,20). Ceci signifie que la productivité agronomique du pré-verger est supérieure de 6 à 20 % à celles des mêmes productions séparées.

A conditions pédoclimatiques identiques, le pré-verger a une production fourragère moyenne d'environ 75% à 85% de la productivité d'une prairie sans arbre. Sa production fruitière moyenne représente 25 à 30% de celle d'un verger cidricole basse-tige. Le pré-verger fournit également des co-produits agricoles (miel, bois).

Ainsi, le pré-verger a une meilleure efficacité agronomique qu'un système classique agricole.

Ceci s'explique par une meilleure utilisation des ressources disponibles (soleil, espace, sol) et une bonne complémentarité entre les différentes productions (herbe, fruit, bois).

  • Système économe en énergie directe et indirecte : peu d'intervention mécanique hormis lors de la récolte et de fauchage, absence d'irrigation, absence d'intrants chimiques (traitements phytosanitaire, fertilisation minérale).
  • Les petits fruits malades (carpocapse, etc.) tombent prématurément au sol et sont éliminés par le cheptel, ce qui diminue fortement la pullulation des ravageurs. Les auxiliaires (oiseaux insectivores, chauves-souris, etc.) complète la protection biologique.
  • L'absence de fertilisation minérale explique que la sève des arbres fruitiers est moins riche en azote ;ceci expliquerait la moindre pression des pucerons dans le pré-verger.
  • Apport organique par les déjections animales.
  • Absence d'irrigation : les arbres fruitiers de haute tige, grâce à en enracinement très profond, résistent bien aux périodes sèches.
  • Conservation d'une mixité entre les systèmes de production.
Points de vigilence
-       L'arbre fruitier de plein vent ne produit que vers l'âge de 10-12 ans, et atteint sa pleine production vers 15-18 ans. C'est le prix de la longévité des arbres (60-80 ans, et parfois bien davantage).
-       L'alternance de la production fruitière est une des caractéristiques techniques du pré-verger, et constitue d'ailleurs un des arguments pour son remplacement par le verger basse tige.
-       Pour préserver la qualité sanitaire des fruits, le pâturage doit s'interrompre au moins 2-3 semaines avant que la chute des fruits, et ceci jusqu'à la fin de la récolte, soit environ 2 mois en verger de pommiers.
-       Le fractionnement du pré-verger en petites sous-unités de pâturage (de 0,3 à 0,5 ha) permet d'ajuster au mieux le chargement et faciliter la gestion des animaux. Le fait de regrouper les variétés ayant la même date de récolte dans chaque sous-unité minimise la durée de l'interruption du pâturage.
-       Le stationnement des animaux sous les arbres peut conduire au déchaussement des arbres. Attention aux vieux arbres car ils sont plus fragiles.
-       Retirer les animaux du pré-verger quand le sol est très humide : cela induit un tassement du sol avec un fort risque d'asphyxie racinaire (pommiers et cerisiers y sont particulièrement sensibles).

[1] proposé par Willey et Osiru (1972) puis développé par Willey (1979)

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