Modalités pratiques de mise en œuvre

En fonction des objectifs poursuivis par l'agriculteur, voici les principales cultures associées de type céréales-légumineuses :

Objectifs

Associations utilisées

Commentaires

En système céréalier

Améliorer le taux de protéines du blé meunier ou du blé semoulier en limitant l'apport d'azote

Blé tendre ou blé dur associés à des pois protéagineux ou à des féveroles

Nécessite du matériel de tri performant sur l'exploitation.

Meilleure valorisation économique du blé

En système polyculture-élevage

Améliorer le taux de protéines d'un mélange de grains de céréales fourragères et de protéagineux

Céréales fourragères (triticale, orge, avoine) associées à des féveroles, à des pois protéagineux ou fourragers, ou à des vesces

 

Méteils de plusieurs espèces céréalières et de légumineuses

Majoritairement autoconsommés en élevage ou livrés directement à des éleveurs

En système polyculture-élevage

Produire du fourrage de cultures annuelles riches en protéines

Céréales fourragères (avoine, triticale) associées à des pois fourragers ou à des vesces

Récolte immature en fourrage enrubanné pour une production abondante et de qualité, tout en limitant la fertilisation azotée.

Source : Perfcom 2012.
La différence dans la conduite de l'association – selon sa destination en fourrage ou grain – repose essentiellement sur le choix des espèces et variétés et la densité de semis.

Quelques principes de pilotage des associations céréales / légumineuses

Place dans la rotation

Les mélanges céréaliers sont caractérisés par leur grande flexibilité. Ils s'adaptent à des types de sols variés moyennant un pH > 5,5 et non hydromorphes.

Il est conseillé néanmoins de les placer derrière une céréale à paille ou une plante sarclée, voire en 3ème paille et d'éviter un précédent correspondant à une espèce du mélange et/ou laissant des reliquats azotés importants. L'association peut être placée en fin de rotation, avant une prairie ou une luzerne, essentiellement pour des raisons de maitrise des parasites présents dans le sol.

Choix des espèces

Plusieurs associations sont possibles en fonction du système d'exploitation, du contexte pédoclimatique et des caractéristiques technologiques du mélange attendues par l'agriculteur.

La plus répandue est l'association POIS FOURRAGER et TRITICALE en fourrage comme en grain, du fait de 2 avantages importants : la compétition féroce vis-à-vis des adventices ainsi que la concordance dans les dates de récolte et semis.

Il existe des mélanges d'hiver et de printemps. Les mélanges d'hiver préfèrent des implantations précoces (avant le 15 novembre) permettant un bon développement du pois et une reprise rapide au printemps. Les mélanges de printemps s'échelonnent de début février (blé / féverole) à fin avril (orge / pois protéagineux).

Conduite des associations
  • Fertilisation : Du fait de la présence d'une légumineuse, l'apport d'azote n'est pas toujours nécessaire. L'association permet de manière générale de faire l'impasse sur la fertilisation phospho-potassique ; néanmoins, un apport de compost (5 à 20 t/ha) à l'automne peut être envisagé si aucune prairie ou légumineuse n'a été présente sur la parcelle depuis au moins 2 ans (Source : Gab/Frab Bretagne).
    La fertilisation peut être un levier pour orienter la composition du mélange à la récolte : un apport précoce sera favorable à la céréale, a contrario d'un apport après tallage plus favorable à la légumineuse.
  • Désherbage : si les associations concurrencent rapidement les adventices, il est conseillé de réaliser des faux-semis au préalable et de passer la herse étrille de manière superficielle avant la levée et à la sortie de l'hiver. Cette dernière est déconseillée lorsque les légumineuses ont formé des vrilles (risque de pertes par arrachage).

 

Objectif fourrage : recommandations pour la conduite de l'association

Objectifs visés

Dans les systèmes d'élevage, les services attendus des cultures associées (modèle triticale – pois fourrager) sont de produire un fourrage à forte biomasse, stable face aux aléas climatiques, économe en intrants (eau, azote, produits phytosanitaires) et riche en fibres et en MAT (Matières Azotées Totales).

Choix des espèces et variétés
  • Céréales utilisées en fourrages : triticale, avoine, blé, seigle.
  • Légumineuses utilisées : pois fourrager, féverole, vesce (fort développement végétatif et sensibilité à la verse).

Critères à prendre en compte :

  • Type de sol (densités de semis à diminuer en sols profonds et fertiles),
  • Résistance des variétés à la verse,
  • Hauteur des 2 espèces,
  • Pour la céréale : complémentarité nutritionnelle du mélange et éventuels facteurs antinutritionnels de certains protéagineux.

Par exemple : sur les sols hydromorphes, les associations peuvent rencontrer un problème de pertes hivernales de pieds de légumineuses qui déséquilibre le mélange.

Le semis :

Il s'effectue généralement de fin septembre à fin octobre, en fonction des contextes pédoclimatiques.

La céréale est favorisée par un semis tardif, la légumineuse par un semis précoce.

Pour éviter tout problème de verse, il faudra veiller à limiter la proportion de légumineuse dans la dose à hauteur de 13 à 25 % du mélange (maximum de 20 grains / m2). Par exemple : 25 à 30 kg/ha pour le pois fourrager.

Technique : mélanger les semences avant de mettre dans le semoir à céréales, en veillant à bien homogénéiser la répartition des 2 espèces. Possibilité de semer le pois à la volée, de passer la herse (recouvrement) puis de semer la céréale avec le semoir (notamment lorsque la féverole fait partie du mélange).

Profondeur : Pour les associations à base de pois (3-4 cm). Dans le cas de la féverole, profondeur de 6-8 cm. Semis en 2 fois (céréale à 2-3 cm).

La récolte :

En fourrage, l'objectif est de récolter lorsque la céréale est au stade laiteux pâteux et le pois au stade pâteux. La paille doit être encore verte au niveau des entre-noeuds. Cette récolte peut s'échelonner de fin juin à mi-juillet suivant les années.

Il est conseillé d'aller au-delà de 40 % de MS pour éviter tout problème de conservation.

Les rendements observés en fourrage (moyenne de conduite en bio et à bas niveau d'intrant) se situent entre de 8 à 12 T MS/ha. Source : Réseaux d'essai d'associations C/L entre 2005 et 2011 (Itab 2011).

 

Précoce

Tardive

 %MS

27,3

41,8

  %MS triticale

36

42,9

%MS pois

26

47,4

RDT

6,7

9,4

RDT triticale

2,5

5,9

RDT pois

4,1

3,7

%pois

55

35

%MAT

11,9

8,6

Effet de la date de récolte de l'association triticale-pois sur les performances de rendement et de qualité (source : Casdar association céréale légumineuse 2013)

 

La date de récolte est également un moyen d'influencer la qualité de la production : une récolte précoce si elle fait perdre entre 1 et 2 tonnes de biomasse, permet de gagner des points en MAT en augmentant la proportion de pois.

 

 

Mélange 1

Mélange 2

 

Triticale**

Pois fourrager*

Triticale**

Pois fourrager*

Vesce*

Date de semis

Fin septembre à fin octobre suivant les régions

Densités de semis

***

Gr/m2

300

15

300

10

15

PMG (g)

45

190

45

190

65

Kg/ha

135

28

135

20

10

Dates et densités de semis pour l'objectif fourrage (Source ITAB - 2011)
* pois fourrager d'hiver et vesce d'hiver peuvent se semer à la date de semis habituelle du triticale
** les variétés de triticale sont choisies pour leur résistance à la verse et leur rusticité.
*** diminuer les densités de semis en sol profond et fertile.
Objectif grains : recommandations pour la conduite de l'association

Objectifs visés :

  • Avec moins d'intrants, produire des grains de blé riches en protéines et obtenir un rendement égal ou supérieur.
  • Produire des protéagineux sans les difficultés rencontrées en culture pure.

 

Choix d'espèces et variétés

  • Céréales utilisées en grain : Blé tendre d'hiver, triticale.
  • Légumineuses utilisées : Pois protéagineux d'hiver (dimension des graines similaire à celle des céréales mais maturité précoce), féverole d'hiver (grosses graines et maturité proche de celle du blé). Éviter la vesce qui a tendance à verser.

Si l'objectif majoritaire est
 la production de céréale :

Si l'objectif majoritaire est
la production de protéagineux :

Part du blé dans le semis à hauteur de 60-70% de la culture pure et 30 % pour le pois.

 

Part du pois dans le semis à hauteur de 60-70% de la culture pure et 40 % pour la céréale.

L'incorporation de 2 espèces de légumineuses dans le mélange optimise les chances de récolter des légumineuses.

La céréale sert de tuteur au protéagineux et freine le développement des adventices et de certaines maladies.

Impératifs : Faire correspondre la hauteur des pailles des 2 espèces et leur période de maturité.

 

Quelle que soit la structure du peuplement, le blé a un avantage compétitif sur le protéagineux. Il est donc difficile d'atteindre une part importante de protéagineux.

Si la proportion de chaque espèce dans le mélange à la récolte reste variable, il est possible néanmoins d'orienter la proportion de l'une ou l'autre des espèces par un choix approprié des combinaisons d'espèces et/ou de variétés, des dates et densités de semis.

Par exemple, l'association d'une céréale (blé ou triticale) avec de la féverole permet d'obtenir une plus forte part de protéagineux dans le mélange par rapport à une association avec du pois, mais nécessite 2 passages de semoir pour respecter les profondeurs de semis optimales de chaque espèce (source : Casdar 8058).

La disponibilité en azote du milieu quant à elle, joue également un rôle : plus le milieu est pauvre en N, plus la légumineuse est favorisée.

 

Mélange 1

Objectif blé meunier majoritaire

Mélange 2

Objectif grains protéagineux majoritaires

Blé tendre d'hiver

Pois protéagineux d'hiver**

Triticale***

Féverole d'hiver***

Date de semis

Fin octobre à mi novembre

Fin septembre à fin octobre

Critères variétaux recherchés

Résistance verse et maladies

Tenue de tige

Résistance verse rusticité

Hauteur modérée (compétition limitée / céréale, verse limitée)

Densité de semis (kg/ha)*

75-88

50-60

55

75-100

Objectif grains : dates et densités de semis (Source : ITAB 2011).
* à moduler suivant le type de sol.
** ou féverole d'hiver.
*** ou blé- pois protéagineux d'hiver ou orge de printemps / pois de printemps.

 

La récolte et tri des graines

Les opérations de récolte et de tri du mélange sont facilitées pour des espèces dont les tailles de semences sont bien différentes. Un compromis est à trouver dans le réglage de la moissonneuse batteuse afin d'éviter de casser des grains (difficiles à trier par la suite). Une ventilation appropriée permettra d'assurer une bonne conservation des mélanges.

  • Récolte en grains secs :

›  Il est impératif d'attendre la maturité de l'espèce la plus tardive avant de récolter le mélange. Les céréales sont en général les plus précoces et il est possible d'attendre 1 à 2 semaines sans perte.

›  Taux d'humidité : 15% (ce qui exclut la féverole qui nécessite d'être séchée).

›  Rendement moyen : 30 à 60 qtx / ha (fonction de la région pédo-climatique).

  • Récolte en grains inertés (grains écrasés après récolte et mis en silo bâché).

›  Elle dépend de la plante ayant la maturité la plus tardive (généralement la féverole).

›  Taux d'humidité : 18 % à 22 %.

  • Le tri du mélange est une opération délicate qui nécessite un équipement adapté (trieurs performants, densimétriques). Elle s'effectue chez l'agriculteur ou le collecteur s'il accepte les mélanges (préférer alors une association binaire pour faciliter les opérations logistiques).
    Coût du tri estimé à 15 euros la tonne comprenant l'opération stricte de démélange (6 euros / t) et 8 euros de pertes de protéagineux (non séparés du blé) et donc non valorisés au prix du protéagineux. (Sources : PerfCom 2012 et Casdar 8058).

Autres conduites de cultures associées

Associations céréale-légumineuse :

Légumineuse non récoltée avec 2 perspectives :

  • La légumineuse est détruite pendant la montaison : elle joue le rôle de « plante de service ». L'objectif est la restitution de l'azote à la céréale par minéralisation des parties aériennes et du système racinaire (jusqu'à 80 kg N/ha),
  • Elle est semée dans le blé au printemps (cas d'une espèce fourragère) : la légumineuse joue le rôle d'engrais vert. L'objectif est la restitution d'azote à la culture suivante, évaluée à 40 à 50 kg N/ha pour une quantité totale apportée par le couvert de l'ordre de 40 à 100 kg / ha suivant les espèces (source : Casdar 8058).
Association légumineuse-oléagineux :

Exemple du mélange Cameline et Pois protéagineux

(Source : Suisse Cameline, 2013).

La cameline est une crucifère couvrante à végétation rapide dont les spécificités sont :

  • Meilleure résistance au manque d'eau et aux fortes chaleurs que le colza,
  • Graines riches en huile (30-40%) oméga 3 et vitamines,
  • Rôle de tuteur pour l'espèce associée.

Elle est utilisée en huile pressée à froid pour l'alimentation humaine et valorisée en tourteaux pour le bétail.

 

Intérêt de l'association :

  • Concurrentielle face aux adventices et stabilité du rendement.
  • Autres possibilités d'association : Cameline-céréales de printemps, cameline-lentille, cameline-pois protéagineux-orge de printemps (date de semis, interligne et fumure à adapter en fonction de la culture associée). Densité de semis de 100 % pour l'autre espèce. Date de récolte fonction de la maturité de l'autre culture.

Préparation du sol

Travail sur des parcelles propres.

Renoncer aux parcelles avec une forte présence d'adventices (cameline très peu concurrentielle) - Effectuer un faux semis  - Lit de semences bien nivelé et plutôt fin.

Date de semis

Mi février – fin mars (proche de semis du pois).

Densité de semis

 - Cameline : entre 2 et 4 kg / ha (+ 20 % en conditions difficiles)

 - Pois : 80-100 graines / m² (80 à 100 % de la densité normale)

Profondeur de semis

Cameline en surface ;

Pois à 3-4 cm

Interligne

Cameline : à la volée ;

Pois : 12-20 cm

Technique de semis

Selon le matériel disponible :

 - Semer les 2 cultures en même temps : semoir muni de 2 trémies indépendantes (pour semer chaque espèce aux bonnes densités et profondeur) ; demande un système de distribution précis de la trémie où se trouve la cameline

 - Semer les 2 cultures séparément : Installation le même jour.

›  Soit d'abord le pois puis la cameline

›  Soit d'abord la cameline en surface, puis le pois en couverture des semences de cameline par la herse du semoir.

Roulage après semis pour la cameline

Désherbage

Aucun désherbage mécanique envisageable (la herse étrille déracine la cameline)

Si nécessaire, désherbage manuel pour les chardons, rumex, chénopodes, etc.

Fumure

Culture peu exigeante, éventuellement 10 à 20 t compost / ha.

Récolte

Lorsque le pois est mûr (la cameline ne s'égrène pas à maturité)

Réglage batteuse

Régler le pois et surveiller les pertes en cameline. Si trop de pertes, baisser la ventilation.

Préférer un peu de perte de cameline plutôt qu'un taux de charge très élevé dans la trémie.

Triage

1er tri au centre collecteur : nettoyage du pois, récupération de la cameline et des déchets

2ème tri au centre collecteur spécialement équipé pour séparer la cameline des déchets

Rendement

Cameline : très variable suivant les conditions et l'année. En moyenne 4 à 7 qtx / ha

Pois : 30 qtx / ha si rapport pois/cameline au semis idéal.

Travail après récolte

Ne pas chaumer directement après récolte.

  1. Laisser germer la cameline
  2. Eventuellement, gratter superficiellement le sol dès que la cameline a commencé à germer pour faire germer le reste des graines et détruire celles déjà germées
  3. Détruire la cameline par labour ou déchaumages successifs lorsqu'elle a bien germé.

Conservation

Stockage à 8 % d'humidité.

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